moi, la petite fourmi

Mon principal outil de travail : mes yeux. Le corps est un peu tenu à l'écart la plupart du temps, puisque le montage se résume à une activité intense du trio index droit, regard, cerveau... Compter les clics de souris d'une semaine de montage, voilà qui serait vertigineux! Des milliers d'images par jour, un travail de fourmi, mais j'adore ça! A ne pas mettre de côté non plus, une grande partie du plaisir : la relation humaine avec le réalisateur, la productrice, l'étalonneur, le mixeur... On se marre bien il faut le dire : entre deux problématiques, chaque pause, chaque hésitation est ponctuée d'un bon mot, d'une bonne blague, puis les choses sérieuses reprennent... Consciencieusement nous nous penchons sur chaque détail, j'aime être présente à chaque étape, et que le réalisateur ait confiance en cette méticulosité. Le montage du documentaire sur le Talmud de P.H.S est validé depuis mi octobre, nous avons fait l'étalonnage la semaine dernière, car il fallait attendre que les archives que nous avonc utilisées nous soient fournies en bonne qualité. C'est encore plus épuisant que le montage : le regard s'adapte vite à la colorimétrie d'une image, et pour bien faire il faut régulièrement s'aérer, faire un tour en lumière naturelle, puis retourner dans la petite pièce noire où l'on opère... Un peu plus de rouge, moins de bleu dans les basses lumières, du contraste, un petit masque pour cacher un défaut... Autant de petites choses qui ne seront pas perçues par les téléspectateurs, et c'est le but! Demain, nous enregistrons le commentaire avec un comédien dans un studio à deux pas de chez moi. Ma voix et celle du réalisateur seront aussi dans le film : nos maquettes ont plu à Arte, et il a été décidé de les garder! Nous montons en même temps les bonus que l'on pourra trouver sur le dvd édité par Arte. Cela nous permet de ne pas renoncer tout à fait aux multiples entretiens qui n'ont pas trouvé leur place dans le documentaire, une façon d'approfondir le sujet, et de remercier les personnes qui ont ouvert leurs fabuleuses collections de livres anciens, et ont donné de leur temps, de leur savoir, pour que ce monument littéraire qu'est le Talmud soit un peu mieux connu. Tout ça sortira au printemps 2007... La directrice d'édition d'Arte nous disait que les documentaires sur le fait religieux sont, avec l'architecture et la peinture, les plus plébiscités. Doit-on se féliciter que les communautés s'intéressent enfin les unes aux autres, que le savoir se partage, ou s'inquiéter de la recrudescence de la religion, dans les valeurs privées comme dans les affaires de la cité ? Pour ma part j'ai appris des choses, mais nous avons eu bien des débats avec le réalisateur, car les frontières entre culture, traditions, savoir, spiritualité, et l'absurde des contraintes imposées par la religiosité est parfois bien mince. Je comptais faire une petite pause ce week end, avec un stage de Feldenkrais, une méthode douce qui éveille le corps à une qualité de mouvements, le sensibilise à ses postures, ses habitudes, pour apprendre, avant d'avoir recours à des remèdes ostéopathiques, à prévenir les douleurs, les cervicales coincées - comme en ce moment pour ma part!!! - les sciatiques agacés ou les disques tassés... Intitulé " être assis sans se fatiguer", ce stage dont j'ai parlé à tout mon entourage m'aiderait bien à réinvestir mon corps, notamment dans mon travail... Car si ma conception du monde et du bonheur comprend une attention particulière à l'espace, au mouvement, à la respiration, mon métier bizarrement l'occulte complètement... Mais si je veux avoir terminé mon site avant mon départ jeudi soir, il va me falloir faire du montage chez moi... Et peut-être croiser le web master Cyril dimanche... Aïe Aïe Aïe, heureusement la petite fourmi des villes va bientôt prendre la route, prendre sa caméra et réinvestir son regard dans l'espace... Dans une semaine!