Théâtre militant

Ce soir, grace à mon amie Nathalie, nous sommes allées nous perdre dans le bois de Vincennes pour passer trois heures passionnantes et passionnées menées avec brio par un unique comédien, qui joue à lui tout seul les différents protagonistes du procès Elf. Après avoir suivi les quatre mois de ce proces qui, comme souvent, s'attaquait moins au système qu'à quelques pions sur le grand échiquier des jeux de pouvoir, de corruption, et de pillage de l'afrique, Nicolas Lambert a écrit sa pièce exclusivement avec des déclarations des juges, avocats et prévenus. Un spectacle d'intérêt public, car il clarifie non seulement l'implication de Messieurs Sirven, Le Floch Prigent ou Tarallo, mais démontre aussi que dans ces sphères où la politique et l'industrie se tiennent la main pour défendre les intérêts de la nation, et de leurs partis, l'éthique devient toute relative, le détournement d'argent et le trafic d'influence est monnaie courante et ce quels que soient les courants politiques... Nicolas Lambert évoque également avec malice les connivences industries-médias, et il en profite pour parler des intermittents, un engagement entier et qui fait du bien. En rentrant dans la petite voiture, sous la pluie, nous discutions à batons rompus. En 2007, il va serieusement falloir que les candidats sortent des problématiques franco-françaises. Et il devient urgent qu'il y ait transparence, car dorénavant ce ne sont plus trois ou quatre hommes qui gèrent les valises, mais des dizaines de sociétés écran et des sommes gonflées de plusieurs zéros... qui transitent virtuellement... Il faudrait quinze an d'instruction pour déméler une simple journée de transactions.... Nicolas Lambert raconte en conclusion que le successeur de Le Floch Prigent, qui provoqua le procès, s'est réservé un parachute en or et deux trois stock options après que Total ait avalé Elf, une somme qui outrepassait largement celles qu'il reprochait à ses prédessesseurs d'avoir détourné pour leur profit personnel. Il est assez étonnant de voir à quel point les vélléités de transparence et la condamnation de ces pratiques se heurtent à la plus opaque résistance, et qu'on se fait prendre pour utopiste ou paranoïaque quand on dit qu'il y a des richesses et qu'on pourrait mieux les partager. Y aura-t-il ce genre de débats à gauche ? Je l'espère. Je vous encourage donc à découvrir "Elf, La pompe afrique" à la cartoucherie de Vincennes, jusqu'au 28 novembre. Et si vous n'êtes pas fachés avec la télévision, zappez donc sur France 3 Lundi soir, ou du moins mardi très tôt, puisque vers 1h du matin passe le court métrage d'Yvon Marciano "J'aime", que j'ai monté. Un film où Yvon dévoile ses amours, et son goût pour les artistes qui nourissent leur oeuvre de leur vie, de leurs convictions, un investissement complet... A voir dans "Libre court" pour bien commencer la semaine! mon rayon livres "engagés" une photo d'Albert Camus et une citation "tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude"